Abécédaire de campagne
2012
Jean-Yves Jouannais . critique d'art . auteur de « l'Encyclopédie des guerres » au Centre Pompidou et ancien rédacteur en chef d'art press.
Editions Galerie Laure Roynette
« Une aspiration à la consolation : c’est ce que l’on croit décrypter en parcourant les étapes de l’œuvre d’Anne Paris, à la fois ascétique et désirante, d’une matité de requiem et d’un rococo sans pedigree. Une aspiration qui aurait de particulier de ne jamais se laisser aller au lyrisme. Une rigueur effectivement martiale, poétique et dramatique, qui n’est pas sans évoquer la quête de Stig Dagerman et qui dit à sa manière notre insatiable besoin de consolation. »
« La fantaisie et l’invention ne sont pas des créatures au pedigree explicites. Ce qui semblerait de prime abord relever d’une interprétation décorative, s’avère la traduction la plus réaliste qui soit du phénomène de la bataille, du moins d’un certain nombre de ses moments. Si la bataille, comme objet, est certes mate, elle ne fait jamais l’économie du rose. Les larges aplats de cette couleur, parfois entrainée jusqu’aux abords du violacé, témoignent d’un souci naturaliste qui fait ici merveille par son ambigüité. »
« Il semble que l’œuvre peinte d’Anne Cindric nous invite à une interrogation de même nature [que celle
de Gérard Gasiorowski ].
Une guerre peinte est-elle simplement une peinture de guerre ? Est-ce à dire que nous avons affaire exclusivement à l’exploitation, à l’exploration d’un thème ou bien au spectacle d’une peinture en guerre contre elle même, son histoire et son état contemporain ? Toute œuvre consciente de l’histoire de sa discipline, ne s’énonce-t-elle pas naturellement sous l’impulsion d’une volonté d’agression, de dénonciation des modèles établis ? Lorsque la peinture d’histoire cesse d’être un genre à part entière, la guerre ne cesse-t-elle pas d’être un sujet pour finir par caractériser le rapport que l’artiste entretient la création ? Anne Cindric ne peindrait pas la bataille, mais serait entrée dans une campagne, où alterneraient phases offensives et défensives, contre la peinture elle-même. »